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Bartlett & Robertson

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Le duo Bartlett & Robertson : Un couple fusionnel

Etudiants à la Royal Academy of Music de Londres, l’Anglaise Ethel Bartlett (1896-1978) et l’Ecossais Rae Robertson (1893-1956) se rencontrent au sortir du Premier conflit mondial. Leur collaboration en tant que duo prend forme trois ans plus tard avec une série de concerts au Wigmore Hall qui lance leur carrière, mais individuellement Ethel avait été la pianiste exclusive du violoncelliste John Barbirolli (le futur chef d’orchestre) et Rae l’accompagnateur de chanteurs.

Enrôlé dans l’armée britannique, blessé à deux reprises au bras et à la main sur le front de Somme et à Ypres, ce dernier reprend ses études musicales après l’armistice et se marie avec Ethel en 1921. Très vite, le duo s’impose sur les scènes britanniques et fait redécouvrir au public le genre du duo de piano alors tombé en désuétude au Royaume-Uni.

Faute de répertoire consistant, les deux musiciens fréquentent les bibliothèques, commandent des œuvres à des compositeurs de renom et Rae effectue des transcriptions ou écrit des partitions telle Elizabethan Suite. Le duo ne cesse ensuite d’enrichir le corpus pour deux pianos avec la Sonate de Bax, la Polka op. 5 de Berkeley exécutée en 1934 devant Eleanor Roosevelt, Introduction et Rondo alla Burlesca, Ballade écossaise op. 26 et Mazurka Elegiaca op. 23 n° 2 de Britten ou Trois Danses Tchèques de Martinu.

A l’écoute des enregistrements effectués par les deux artistes – en particulier la réédition d’un florilège de quelques-unes de leurs prestations entre 1927 et 1947 (chez APR en 2013) –, on est frappé par leur entente fusionnelle et naturelle au-delà d’un simple compagnonnage artistique, que ce soit dans les transcriptions de J-S. Bach, Liebesträume n° 3 de Liszt ou En blanc et noir de Debussy. En effet, pour eux, la communion de pensée dépasse la réalisation purement technique.

Célébré en Amérique du Nord, en Europe mais aussi en Amérique du Sud et en Afrique australe, le duo se produit en moyenne plus de cent fois par an en récital ou en musique concertante (par exemple en juillet 1940, dépassant la jauge requise, le Hollywood Bowl l’accueille en plein air devant 35000 auditeurs).

A la mort de Rae en 1956, Ethel continue de donner des cours en Californie et s’éteint à son tour à Los Angeles, ville d’adoption du couple, vingt-deux ans plus tard. A l’issue d’un concert à Montréal, un critique canadien s’extasiait devant leur complicité : « Le jeu de Bartlett & Robertson est unique. On pense en les entendant, non pas à deux personnes à deux pianos, mais à quatre mains à la fois, un double clavier contrôlé par un seul esprit. »

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